AUBOIS DE TERRES ET DE FEUX
Le développement des constructions de logements dans la région parisienne, à partir de 1865 et surtout 1900, a incité à
investir dans l’exploitation des calcaires du bassin de Beffes jusqu’à la crise économique des années 1930.
Léon Bitard, qui dirigeait depuis 1887 une usine à chaux au lieudit les Riots, au sud de La Charité sur Loire, acheta l’usine
de La Chapelle Montlinard, où un four existait peut-être depuis 1880. La société Léon Bitard-Jousselin et compagnie fait
fonctionner l’usine en 1908. Le bureau local, à La Charité sur Loire, se trouvait 27 rue de la Vauyon. En 1912, Léon Bitard
était associé à M. Bidault, afin d’augmenter les actifs. Malgré cela, la société fut mise en liquidation en 1919.
Philogène Langlois racheta cette usine et la géra de 1919 à 1930 ainsi que l’importante usine à chaux des Radis à Saint
Léger le Petit, plus au sud.
En 1930, sous la pression exercée par MM Jules Poliet et Léon Chausson, Philogène Langlois fut contraint de leur céder
ses deux usines. La direction du groupe Poliet et Chausson, qui avait des ambitions cimentières, ayant éliminé un
concurrent, fit fermer les deux sites en 1936. Ce groupe Poliet et Chausson est devenu Ciments Français puis CALCIA,
maintenant intégré au groupe italien Italcimenti.
Actuellement le site à la Chapelle Montlinard est devenu un lieu d’habitation avec une plaisante maison située entre la
route longeant le canal et les fours. La verdure repousse et la carrière est devenue un plan d’eau. Les propriétaires actuels,
venus d’un autre pays européen, prennent en compte l’aspect « patrimoine industriel » du site.
Cet ancien lieu industriel, à l’extrémité nord du bassin de Beffes, exploitait un banc de calcaire de la période jurassique
supérieur, rive gauche de la Loire. La teneur en marne (20-22%) le rend propre à la préparation immédiate de la chaux
hydraulique naturelle, utilisée soit pour les enduits et badigeons, soit comme liant dans les mortiers. Devant l’usine se
trouvait un quai d’embarquement sur le canal latéral à la Loire, à 300 mètres de la RN 151 reliant Poitiers à Avallon via La
Charité sur Loire.
Adossés au coteau calcaire et contigus à la carrière ennoyée par la nappe phréatique de la Loire, les six fours s’élèvent à
une dizaine de mètres de hauteur. Leurs façades alignées, en moellons soigneusement appareillés, donnent l’impression
d’un parement très bien conservé. Une double rangée de tirants, avec leurs rondelles de serrage encore en place, consolide
l’ensemble. Ce massif de fours repose sur une base élevée d’environ 3 mètres, ce qui lui donne une grande visibilité et
confère un aspect monumental au site. Une plateforme en pierres, large d’au moins 2,50 mètres et reposant sur le sous-
bassement, permettait le travail de défournement de la chaux vive. Cela facilite l’approche du visiteur pour voir l’intérieur
des fours. Devant chacun d’eux la marque des plaques tournantes des wagonnets de défournement est restée creusée dans
la pierre. La rampe d’accès aux gueulards, en plan incliné côté carrière, est bien conservée. Côté sud de la plate-forme, un
raide escalier d’accès secondaire aux gueulards des fours subsiste.
Côté plate-forme, les fours présentent des ouvertures soigneusement construites, aux bordures en briques. L’effondrement
intérieur de certains en obture l’entrée. D’autres, dont le 3e four en partant du sud, peuvent permettre un accès à 5
personnes à la fois pour voir l’intérieur de la cuve et ses aménagements. Le galbe de forme ovoïde de la cuve est
parfaitement revêtu de son appareillage réfractaire avec cercles de pierre aux deux extrémités. L’encadrement de l’orifice
de déchargement est bien visible. Un original couloir de circulation, reliant l’ensemble des parties basses des fours, est
bien dégagé. Les plans indiquent qu’un système de ventilation forcée a été utilisé en plus du tirage naturel lié à la hauteur
des fours.
De type Monnoyer (société d’entreprises réalisant des hourdis en béton armé dès 1899 et titulaire en 1906 d’un brevet de
fabrication de cheminées, châteaux d’eau, tours, à partir d’éléments préfabriqués), cette cheminée est actuellement
unique dans tout le Val d’Aubois-Val de Loire où les cheminées sont plutôt en briques. Elle évacuait les fumées du foyer de
la chaudière qui alimentait en vapeur une machine motrice actionnant le monte-charge et une pompe d’exhaure dans la
carrière. Bien conservée, d’une hauteur d’une vingtaine de mètres, elle est composée de tronçons cannelés préfabriqués, de
diamètres légèrement décroissants. Le couronnement décoratif est constitué par un simple bandeau horizontal plat.
L’empirisme des premiers constructeurs belges qui appliquaient une méthode avant d’en avoir défini les principes de
calculs semble être à l’origine de la méfiance d’abord suscitée par les premières constructions en béton armé. La réponse
évoquait la bonne résistance au feu, l’aspect de surface rappelant la pierre et la possibilité d’y laisser des marques, la
grande rigidité qui atténuait les vibrations du métal, la possibilité de réaliser de grandes portées grâce aux grandes barres
moulées.
Les bâtiments de la chaudière et de la machine à vapeur ont disparu ou sont méconnaissables. Les murs d’une halle
d’extinction de la chaux vive ont été conservés lors de la réfection du toit.
extrait de “La Voix du Patrimoine n° 26 hiver 2011
retour année 2011
Les fours à chaux de La Chapelle-montlinard
Activités passées
5 et 6 février : participation au salon du livre d'histoire à Bourges
7 mai : sortie à Saint-Florent-sur-Cher organisée par A. Giraud. 23 personnes profitèrent du
car affrêté par ATF.
.Collaboration avec les Amis du vieux Guérigny pour leur exposition temporaire (été
2011) ayant pour titre ''Richesses minérales du sous sol nivernais''.
19 juin : 40 personnes participèrent à la Journée de patrimoine de Pays dont le théme était
''le patrimoine caché''. Le matin visite des anciennes forges et pointerie au bord de l'Aubois
au Fournay, communne de Jouet-sur-l’Aubois. Puis pique nique à la Blancherie en bord de
Loire à La Chapelle Montlinard. Enfin visite commentée, agrémentée de panneaux par des
membres du comité scientifique ou de la Blancherie de l'usine à chaux de ce village. Ce site
privé fut aimablement ouvert ce jour par les propriétaires.
*Le Pays d'Art et d'Histoire proposait de son côté des visites ce jour; afin d'harmoniser nos
actions et notre coopération future, ATF a rencontré Mme Perdereau (animatrice) au siège du
Pays à Germigny, fin juin.
10 juillet : à la fête de l'eau à Sancoins (stand partagé avec l'ARECABE, Association pour la
Réouverture du Canal de BErry), ATF a réalisé une exposition sur le canal de Berry, le lavoir
de la chaume Radeau et les moulins à eau de Sancoins.
7 septembre : Visite des Galeries avec un groupe de retraités des Arts et Métiers.
17 et 18 septembre : Journées européennes du patrimoine avec pour thème ''le voyage du
patrimoine''. ATF a suivi celui du minerai de fer lors de visites commentées. Depuis les lieux
d'extraction (Saint-Hilaire de Gondilly, Menetou Couture) ; de transformation en fonte
(Torteron), puis expédition par la Loire ou les canaux (Poids de Fer à Jouet-sur-l’Aubois,
Marseilles-les-Aubigny). 35 personnes se retrouvèrent sur ce parcours. Ce fut aussi
l’occasion de lire le paysage chez M. De Champ maire de Saint-Hilaire, à Saint-Louis ; de
visiter les Casernes, logements des ouvriers ou de ramasser du minerai de fer en grains chez
M. Ratillon, maire de Menetou Couture. Des échanges intéressants se firent entre les
participants et les propriétaires (M. Delayance à l'Auberge du Poids de fer a mis a disposition
objets ou ses connaissances de la Loire navigable). Des sites privés furent gentiment
ouverts ce jour.
2 octobre : Visites à Fourchambault et Grossouvre (Galeries et village) commentées par des
membres d'ATF lors d'une sortie organisée par l'Université Rurale de Sancergues.
11 octobre : Réunion pour évoquer les projets de mise en valeur de la Tuilerie Sauvard et
l'installation d'un CIAP (Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine) dans le
cadre du Pays d'Art et d'Histoire (PAH),avec la DRAC, le Pays, la municipalité, ATF et l'Office
de tourisme. Un comité scientifique présidé par Aline Perdereau, animatrice PAH, établira un
cahier des charges pour ce CIAP, un pré- projet devant être présenté fin 2012. ATF sera
membre de ce conseil scientifique.
15 et 16 octobre : Fête de la Science à Bourges. ATF (qui avait déjà participé voilà quelques
années) a collaboré avec le Pays Loire Val d'Aubois (PAH) sur son stand ''Extraire et
Produire''; avec des documents, panneaux, échantillons (fer, pierre ou terre) complétant la
carte géologique du Pays. 1500 personnes ont visité cette fête, contacts intéressants avec
notamment un public scientifique.
9 novembre : ATF a rencontré à Sancoins Aline Perdereau et les candidats au diplôme de
guides du patrimoine sur le thème du Canal de Berry et de la vie des mariniers pour un échange
sympathique de questions réponses autour de documents.